Si la pandémie de COVID-19 n’avait pas arrêté le train de réformes du quinquennat, un nouvel acte de décentralisation aurait dû, cet automne, être discuté au Parlement. Son ambition ? « Promouvoir la différenciation et l’expérimentation », expliquait récemment encore la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault. Plus encore qu’une loi, la gestion de la pandémie et la stratégie de déconfinement vont servir de travaux pratiques.
L’exécutif l’affirme : le couple Maires-Préfets doit mettre en œuvre les modalités techniques du déconfinement. Parce que oui, s’il y a bien un seul plan de déconfinement, un seul cadre, il y a en réalité 35 000 déclinaisons, une par commune ; le plan de déconfinement est « territorialisé », « coconstruit » avec les collectivités, et notamment avec les maires.
Associés très rapidement à la gestion de la crise par l’exécutif, les maires, faiseurs de solutions, transforment ainsi leurs hôtels de ville en centres logistiques pour gérer la crise.
Ce que le COVID-19 nous enseigne, c’est que la crise et son impact concret sur la vie des Français se gèrent à hauteur de territoire, à hauteur de maires, à hauteur de département et de préfet ; à hauteur de citoyens.
Cela vous rappelle peut-être quelque chose ? C’était également le cas lors de la crise dite des « gilets jaunes » alors que les territoires se rappelaient à l’Etat central. Déjà, la solution pour la sortie de crise était permise grâce à un travail Etat-collectivités : le « grand débat national », qui avait d’ailleurs mis en avant l’aspiration des Français pour une gouvernance plus proche, plus territorialisée.
Lorsque l’Etat est bousculé, il fait le choix de se reposer sur ses fondations anciennes, solides, ancrées dans les territoires. Au fait des réalités, au fait du quotidien, les collectivités sont plus agiles, plus réactives que le pouvoir central. Les élus locaux – dont le maire, figure politique préférée des Français, fait partie – sont dans l’action concrète, pragmatique, sur mesure.
Le partenariat Etat-collectivités qui se fait jour débouchera-t-il sur la réalisation de l’ambition voulue par le président de la République après la crise dite des « gilets jaunes » : celle d’un nouvel acte de décentralisation ?
Cette question sera à vérifier, au quotidien, alors que les élus locaux tentent de tirer leur épingle du jeu dans cette gestion de crise. Associations d’élus s’organisent, partagent les bonnes pratiques, apprennent ensemble, se soutiennent. Maires, présidents de Départements et de Régions entendent montrer, à l’échelle de leurs collectivités, qu’ils complètent au mieux l’action de l’Etat.
Le territoire deviendra-t-il l’échelle d’action nationale ? C’est ce que nous observerons, quotidiennement, dans les mois à venir.
Benjamin BUFFAULT
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